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L’automobile – mai 1975

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RENAULT/ALPINE
Le second souffle de Jean-François

Pour Renault et Alpine, la déception, soyons sincères, fut à la hauteur des espérances. Rodées par une expérience 74 difficile, les deux marques françaises ne cachaient pas leurs intentions. Stimulée par la victoire lointaine de . Mugello, toute l’équipe était motivée, mais en perdant – momentanément – Nicolas, l’homme des efforts soutenus, Jacques Cheinisse était, c’est sur, conscient du handicap. Comme en plus, le remplacement du Marseillais par le champion kenyan Collinge posait des problèmes qui ne furent résolus qu’au matin même des vérifications (Chasseuil avait bien été alerté mais n’avait pu pointer dans les temps à . Orly ! ! !), il fallait se forcer un peu, posséder l’heureux naturel d’un Thérier, voire la froide détermination d ‘un Piot pour, quand même, y croire. L’espoir, on l’a dit, fut de courte. puis de longue durée. Courte espérance, oui, si nous parlons des berlinettes officielles. Parti avec le n°6, mais en 41ième position, le pauvre Collinge n’avait pas encore assimilé tout à fait les vertus et les possibilités de sa voiture que déjà, l’embrayage lâchait sans que l’adopté local ait jamais pu jouer un rôle intéressant. On se consolait tout de même en voyant Thérier revenir en bolide et partager – après 800 km de course – la 3ième place avec Waldegaard et Munari, à 8′ de Makinen et à 3′ seulement de Jodinger. Exploit méritoire car Jean-Luc, depuis le départ, n’avait pas été épargné. Un alternateur fantaisiste (entraînement grippé par la poussière) l’avait d’abord privé d’essuie-glace et réduit l’éclairage aux seuls longue-portée, puis un peu plus tard le moteur s’était mis à chauffer. Bien avant l’aube tout, pourtant, allait mieux. En enlevant le grillage anti-moustiques Jean-Luc avait retrouvé un moteur à température normal ; malgré la poussière, la chaleur, on s’attendait à voir le Normand placer sa véritable première attaque ; c’est le moteur qui soudain se bloquait. ” Pour respecter les règlements locaux, nous avions dû bricoler les prises d’air et monter un nouveau filtre. Les cartouches intérieurs n’étant plus jointives, un caillou a du s’infiltrer, à moins que ce ne soit un boulon du filtre. ” Le démontage réglerait le mystère, en attendant, Jean-Luc, visiblement était déçu : ” Eh oui, j’y croyais, il suffit de voir ce que Bob (Neyret) a pu faire sans notes avec sa vieille berlinette pour se dire que rien n’était impossible. Comme, à Charbonnières, j’avais comptabilisé mon 3ième abandon de l’année, je pensais être tranquille. Pour plus de sécurité, j’avais même donné ma voiture à Collinge pour prendre celle de Nicolas, Car Jean-Pierre, c’est connu, a (souvent) de la chance ! Résultat, j’ai fait 800 bornes.

Sur la R17, Simonian, le “sportman n°1 du Kenya en 1974” n’allait guère plus loin. Un blocage de boîte et, au premier quart de l’épreuve, toutes les chances de Billancourt reposaient donc sur Piot, le revenant.

Le placement semblait bon car Jean-François, stimulé sans doute par son brillant Monte-Carlo “en voulait” comme à ses plus beaux jours. Sûr de lui, de son équipier, de sa voiture, ayant travaillé – insuffisamment selon lui – mais sérieusement, le Piot du Safari 75 avait rechaussé les bottes du vainqueur d’un certain tour de Corse. Comme le physique valait le moral et que l’expérience venait encore ajouter au tableau, on oubliera le résultat sec pour ne voir que la manière et retenir l’exploit.

Parti vite mais prudemment mijotant ses “coups”, n’hésitant pas à prendre volontairement quelques minutes de pénalisation (le pointage en avance ça arrive, même au Safari) afin d’avoir une route dégagée et moins de poussière à l’attaque d’une étape difficile, concédant 15′ volontairement aux portes de Nairobi pour , simple précaution, faire changer son train avant, Jean-François et la R17 tenaient la grande forme. La preuve : lui, le bouillant, ne s’était -il pas contenté de maudire Preston qui, sur un long parcours, l’avait manifestement bloqué !

Ni la poussière soulevée par la Lancia, ni un fil de bougie cassé – seul incident majeur de la première étape – n’avaient donc pu entamer la confiance du rescapé. ” J’ai une voiture comme neuve. Vous allez voir les gars !

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